Le changement… c’est insuffisant !

Changer le changement. Beau programme…

Non, il ne s’agit aucunement d’un clin d’oeil plus ou moins explicite ou malicieux à l’actualité politique. Vraiment. 

Mais il est vrai qu’on nous avait dit : « le changement c’est maintenant »…

Nous avons ensuite compris et traduit, dans les mots de l’entreprise et de la vraie vie : « le changement, c’est tout le temps »…

Aujourd’hui, nous percevons, à des degrés divers, que « le changement, ce n’est plus suffisant »…

Vis à vis de nos clients, de nos équipes, dans nos actes managériaux et RH, dans toute l’entreprise, il faut changer 🙂 

Non plus changer pour changer, mais pour surprendre, étonner.

En ne se contentant plus de suivre tel ou tel chemin, mais en défrichant et en laissant un passage derrière soi.

Changeant ainsi enfin notre (difficile) rapport au changement.

 

Nous avons créé le changement éphémère permanent

 

 A bien à regarder, et quitte à froisser untel ou untel, le changement en entreprise, c’est depuis bien longtemps l’effet « obsolescence programmée ».

A l’image de ces appareils que nous utilisons dans notre quotidien. Et que nous jetons après quelques (trop peu) années d’utilisation, sans même pouvoir bénéficier d’un service après-vente minimum. Certains produits étant d’ailleurs même carrément conçus pour ne pas permettre d’intervention de S.A.V. : « il vaut mieux procéder au remplacement à l’identique, cela vous coûtera bien moins cher ma petite dame / mon petit monsieur ».

Sur ce mode, nous avons donc inventé :

l’organigramme temporaire, le dirigeant interchangeable, le projet mort-né, l’annule et remplace, la montée de version, le changement de concept, la mise à jour, l’actualisation, la remise à niveau, la « nouvelle gamme »…. (complétez la liste)

Autant de symptômes d’un même mal. A tel point que la tête nous tourne.

On change (souvent) la tête de l’organisation. Du coup, il faut mettre à jour les délégations de pouvoir, les workflow de validation des dépenses, les organigrammes, le trombinoscope, les listes de diffusion, les cartes de visite, l’intranet, le site web Corporate …. autant de supports qui en deviennent du coup jetables. On efface toute trace visible de l’ancien régime !

Un vrai ‘casse-tête’, au sens littéral du terme 🙂

Avec la tête, change de facto également la vision des femmes et des hommes : retour en odeur de sainteté, ou au contraire chute en disgrâce des ex-courtisans et flatteurs de l’ancien boss, amnistie totale ou partielle, amnésie… on refait le match. Les nouvelles alliances se nouent, tandis que l’on détricote celles d’hier. Avoir été évolutif, ne plus l’être… Là est la question.

On change également notre façon de compter, et les reporting qui vont avec : ce truc là ne sert plus à rien, on rajoute en revanche ce machin, et puis celui-ci, on change la fréquence des remontées du tout. On modifie au passage la nature et le contenu des indicateurs, l’échelle des graphiques, l’air de rien. C’est le lifting botox pour effacer les rides et autres petits plis disgracieux.

En troisième lieu, on change la façon de travailler, les process : après avoir centralisé on décentralise (ou l’inverse), on élargit ou on réduit à la portion congrue la marge de manœuvre ou d’initiative des uns et des autres, on verrouille ou on libère les initiatives etc… On remet en place (ou pas) des bilans d’étape, des commissions de suivi, du participatif… Mais sérieusement, connaissez-vous des méthodes de travail dont on se délesterait en un claquement de doigts, même si ce sont celles du ‘chef vénéré’ ? Des rivalités séculaires qui deviendraient soudainement fructueuses complicités ? Marc Twain disait avec beaucoup de justesse « on ne se débarrasse pas d’une mauvaise habitude en la jetant par la fenêtre. Il faut lui faire redescendre l’escalier marche après marche« .

On change également l’air de rien l’ordre des priorités : ce qui était futile devient stratégique, ce qui était urgent devient secondaire, et on re-brasse les budgets et ressources dédiés à tout ce beau monde. Les dossiers changent d’ordre dans la pile de validation et dans le parapheur.

Priorité à droite… priorité à gauche. On a inventé la priorité totale ! 

On change pour mieux, naturellement.

Donc on promet : « on va voir ce que l’on va voir ». On promet hélas beaucoup (trop) et (trop) vite : « avec moi, on ne va pas tomber dans les mêmes travers qu’avec l’équipe d’avant ». « Je m’engage ». On manage à la mode « 100 jours ». Tout doit se faire dans cette courte période de temps.

Tout ceci, c’est du déjà vu.

Selon l’adage, « plus ça change, et plus c’est la même chose« .

  

Nous avons créé un monstre, le changement sans fil !

 Entendre ici sans fil conducteur.

Mais comme un fil à la patte

Arrêtons-nous un instant sur ce qui nous remonte de toutes parts.

Paroles de collaborateurs

« Oh, c’est le petit nouveau. Ce n’est pas le premier ni le dernier. Il fera pas mieux que les autres ». « Je lui donne 6 mois à celui-là ». « Qui sera le prochain ? Je parie sur… »

« Restons tranquilles quelques semaines, bien sagement à notre place, et tout ira bien ».

« Les chefs passent, mais nous nous restons ». (c’est le phénomène du changement de Ministre et avec lui/elle de son cabinet, mais de la permanence des techniciens et du staff).

Inconsciemment, tout un chacun savonne la planche du nouvel arrivant. Ce qui s’appelle une planche de « salut ! » quelques mois plus tard….

Pour les équipes, le « salut ! » n’est pas forcément amical, car le petit nouveau arrive rarement seul, et remet en place untel et untel qu’il a bien connu ailleurs, ou avec qui il apprécie de travailler.

Paroles de clients

« On commençait juste à s’habituer ». « Vous ne changeriez pas pour changer ? ». « On n’y comprend plus rien ». « Et ça nous coûte combien tout ça ? ».

Paroles de fournisseurs et partenaires

« Chic on va faire un peu de business : déconstruire ce qu’on a construit, déménager les bureaux, refaire les documents, changer la signalétique et le logo, vendre une petite presta de conseil au passage… ».

« On va faire connaissance autour d’un bon repas, on échangera des cartes »

Paroles (chuchotements) d’actionnaires

Passé l’effet « nous saluons le changement » (lui aussi éphémère), c’est en réalité l’inquiétude qui reprend rapidement le dessus.

Où va-t-on ? Mais quel cap suit-on ?

L’actionnaire a besoin de visibilité et d’être rassuré, c’est un paradigme rarement démenti.

Au final, plus personne ne croît à ce changement de façade, cette mode du changement pour le changement.

On change, pour « donner le change ». On (se) recycle, guère plus mais pas moins.

Game over.

Ce schéma est profondément mort.

Pour certains, debout sur la table, sur la pointe des pieds, longue vue en main, le regard se limite … à la semaine. Ou au mois. « je vois un +2%, un +3%, un -2%... »

Tout ceci manque cruellement de vision et d’ambition.

On n’a, à dire vrai, plus envie de ce « plus de la même chose » que l’on nous sert jusqu’à ‘plus faim’.

 

 Changer, mais pour de vrai !

 

« Je ne m’y attendais pas« . 

« Jamais je n’aurai imaginé un seul instant« 

« Pour une surprise, c’est une sacrée surprise« 

Etonner, c’est bien plus que changer ou répondre différemment à des attentes conventionnelles, en interne comme en externe de l’organisation.

Etonner, c’est surprendre, dépasser la norme convenue, passer à l’extra-ordinaire.

Etonner, c’est prendre un risque et l’assumer. Risque de… réussir. 

« 100% des gagnants ont tenté leur chance !«  Depuis le temps qu’on vous le dit !

Une célèbre série nous a aussi rappelé, depuis bien longtemps, que « la vérité est ailleurs« .

Ailleurs que dans les vieilles marmites et les vieille soupes, fussent-elles populaires 🙂

Une « fausse route » qui vous étrangle 🙂

Les racines, l’histoire, la tradition, s’ils sont ô combien respectables, constituent aussi un socle sous lequel il faut savoir mettre des roulettes, pour retrouver de l’agilité et du mouvement.

Je sais, je ne suis pas naïf, cela va à l’encontre de tout ce que l’on nous a jusque là répété : obéissance, respect de la hiérarchie, respect des traditions, conformisme

Et en cas d’oubli, le rappel à l’ordre n’est jamais loin : « c’est sur le clou qui dépasse que tombe le marteau ».

Pour nous soigner de ce mal bien de chez nous, mais qui ne saurait être une fatalité, voici une petite méthode pratique, facile et gratuite.

J’insiste, c’est offert.

Paramétrez un rappel quotidien dans votre agenda Outlook avec pour titre : « qu’ai-je fait aujourd’hui pour étonner mes clients et mes équipes ? « 

Demandez à tous les acteurs de l’organisation, siège et terrain, d’en faire de même.

Déclinez la question comme bon vous semble : « Qu’ai-je fait d’innovant aujourd’hui ? », « Quelle bonne idée ai-je partagée aujourd’hui ? », « Qu’ai-je fait pour me distinguer de mes concurrents ? »

Ce petit rappel va vous permettre de faire bouger les lignes (avec vous et autour de vous).

De créer des aspérités, du relief.

De devenir un Monsieur ou Madame (encore eux !) plus.

Exact contraire du standard, de l’interchangeable.

On a souvent regardé avec incompréhension les ouvriers Japonais qui, grévistes, tenaient pourtant leur poste de travail avec en guise de protestation un brassard autour du bras.

Leur message est une belle illustration de ce que nous abordons ici : « respectueux de l’organisation qui m’emploie je suis présent à mon poste. En revanche je ne vous apporte plus ma valeur ajoutée : mes idées, mon expérience, mes suggestions d’amélioration. Je casse la démarche de progrès continu dans laquelle nous sommes engagés et qui fait la différence sur notre marché et notre secteur d’activité ».

A conjuguer tous les jours : j’essaye, j’expérimente, je tente, je teste, je me lance…

Pour enfin jeter pour de bon cette vieille pochette  de 45 tours qui m’encombre :  

 

 

Et éviter que les ‘sentiers battus’ nous conduisent, comme leur nom l’indique, à la défaite.

Pour votre fidélité au blog par contre, surtout ne changez rien ! 🙂  

Source images : deezer.com, villefargeau.fr, jweel.com, fnac.com, chemistscorner.com, data.abuledu.org, Hachette livres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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