Le diplôme c’est bien, avec les compétences c’est mieux ! Par Stéphane Thivin

 

Cette semaine, je vous propose de revenir un peu plus longuement sur la diplômite aigüe à la Française.

Sans doute parce que la période des jurys et examens touche à sa fin.

Oh, tout à fait provisoirement, je vous rassure…

Un mal bien de chez nous, qui, par ricochet, embarrasse bien des candidats et contamine de nombreux recruteurs. A moins que cela ne soit l’inverse.

Et si le duo compétences + envie était en réalité la seule véritable clef de voûte d’un recrutement plus responsable ?

Pour nous en parler, Stéphane Thivin est plus que bien placé.

STEPHANE THIVIN

Stéphane Thivin est co – auteur de l’ouvrage L’étudiant en entreprise (Lamy, 2010)

Il est aussi enseignant à l’IUT Lyon 1, et Responsable des relations entreprises au sein du département Gestion des Entreprises et des Administrations (GEA). Docteur en Economie Appliquée, il est également Agrégé de gestion.

La compétence est au coeur de son parcours et de ses projets entrepreneuriaux. J’ai souhaité qu’il puisse -ici, sur le blog- nous faire partager son regard.

 

COMPETENCES

Les jeunes ne sont pas des professionnels !!

C’est avec cette provocation un peu brutale que j’ai envie de faire réagir le système éducatif et la jeunesse porteuse d’avenir pour le pays, c’est aussi de cette façon que je commence conférence et interventions dans les salons des organismes de formation ou les forums d’emploi de l’enseignement supérieur.

L’effet est souvent le même : un silence assourdissant teinté d’inquiétude et d’appréhension sur la suite de l’intervention…..

Les faits : le chômage pour un jeune sur quatre (Insee, 2014) et dans le même temps 400 000 offres d’emplois non pourvues (Conseil d’Orientation de l’Emploi, 2013), le plus souvent par défaut de compétences du côté des salariés.

Comment est – il possible d’arriver à un tel paradoxe ?

Aujourd’hui, qu’observe t- on ?

D’un côté, des candidats  « bidonnent » ou surévaluent leur CV afin de correspondre à la désirabilité sociale.

De l’autre, on note une appréhension de l’erreur de casting lors du recrutement pour les professionnels qui sont amenés à la vérification administrative des parcours des candidats dans un climat de suspicion.

En réalité, pas de réel suivi des compétences au cours de la formation, peu lors de la vie professionnelle

Faisons confiance aux individus et professionnels !

Mettons la compétence au cœur de la relation d’emploi, nous avons l’espoir et la conviction qu’elle représente un des axes clefs de résolution du problème.

 

COMPETENCE DEFINITION

Comment faire ?

Cette approche par les compétences a un double objectif :

  • Révéler et valoriser (par l’évaluation) les compétences des individus, les aider à construire un projet professionnel, à bâtir une véritable offre de compétences.
  • Permettre aux professionnels une amélioration de la lisibilité des compétences afin de s’engager sur des recrutements et des mobilités internes en réduisant l’incertitude.

D’aucuns objecteront que l’évaluation des compétences est subjective ! Mais que dire alors des notes, du diplôme voire même de l’entretien annuel d’évaluation ?

Chaque individu est différent et révèle des aptitudes et compétences qui lui sont propres.

Comment rendre opérationnelles l’évaluation, la certification et la rencontre entre offreur et demandeur de compétences ?

La compétence (combinaison d’activités et de savoirs) est finalisée, contextualisée, spécifique et contingente, elle repose sur des savoirs mis en œuvre dans un contexte particulier avec une évaluation professionnelle.

Un profil compétences combine une approche métiers (spécialisation) et des aptitudes (savoir être) qui permettront de participer à la révélation de l’adéquation entre offre et demande.

PROGRESSION

 

La nécessité du projet professionnel

L’approche compétence doit impérativement s’inscrire dans le projet professionnel de l’étudiant ou du salarié.

A titre d’exemple, c’est un des fondamentaux de la réussite des formations en alternance dans l’enseignement supérieur (cf. le dispositif Formasup ARL par exemple).

L’individu en situation d’apprentissage intègre l’activité professionnelle et les savoirs dans un contexte qui lui permet de construire son projet professionnel en situation d’acteur. Evaluer et in fine certifier ses compétences tout au long de sa formation et de sa vie professionnelle permet d’être un véritable « intrapreneur » tout en améliorant son employabilité.

Si le projet n’est pas évident pour l’individu, la construction d’un profil compétences peut servir de base à la réflexion sur le projet (choix de formations, réorientation professionnelle, etc.).

 

TABLEAU

Des travaux qui se concrétisent

Au sein de la start up, SKILVIOO (www.skilvioo.com), constituée d’universitaires, de chercheurs en informatique et d’entrepreneurs, nous venons de mettre au point une solution web validée par le monde de l’alternance pour le côté enseignement et par des praticiens de la Gestion des Ressources Humaines (cabinets, recruteurs, DRH)

Construite sur une base de données de compétences métiers et d’aptitudes elle permet de révéler, évaluer puis certifier les compétences. 

A terme, nous envisageons la création d’une plateforme de la compétence afin d’échanger sur ce thème et de matcher les besoins des parties prenantes.

Et vous l’avez compris, cela commence dès le recrutement, et s’étend bien au-delà.

Stéphane Thivin

 

Dans le prolongement de l’intervention de Stéphane Thivin, que je remercie,

je me permets de vous renvoyer également vers le chapitre du Recrutement Responsable évoquant la mise en place souhaitable d’un passeport individuel de compétences, dont on devrait rapidement reparler, tant son intérêt est à la fois stratégique et d’actualité.

Bonne semaine à toutes et à tous !

3 thoughts on “Le diplôme c’est bien, avec les compétences c’est mieux ! Par Stéphane Thivin

  1. Interessant! Quand on parle de certification on parle aussi a mon sens de « Diplome »… donc le probleme reste le meme, la seule difference est que c’est une entreprise qui la donne. Aujourd’hui les compétences réelles sont plutot affimées par les collègues/managers ou les clients plutot que les écoles ou entreprises. Je ne crois pas au projet professionnel géré par une entreprise, car ce projet doit aller bien au-dela de l’entreprise!
    Cdt
    Luc

    1. Bonjour Luc, et merci pour votre commentaire.
      Les compétences doivent en effet pouvoir être évaluées à 360° (clients, collègues, N+1, Managers, maître d’apprentissage). C’est l’idéal.
      Bien à vous,

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