Comme un air de « faites ! »

L’année civile, et bien souvent avec elle l’année comptable, s’achève rituellement le 31/12. 

A 23h59 très précisément. C’est ainsi.

Si les journées n’ont que 24 heures, les années n’ont que 365 jours, sauf une fois tous les 4 ans.

Et nous voici déjà arrivés à l’heure de l’introspection, du dépôt du bilan.

Alors, je vous le demande, qu’avons-nous donc fait de notre année 2016 ?

Nous avons en entreprise 1 001 priorités qui se chevauchent, s’entrecroisent et se contredisent, et que nous peinons souvent à mettre en musique ou dans le bon ordre.

1 001 idées qui se perdent en route.

1 001 projets qui peinent à se concrétiser et voir le jour.

Et 1 001 plus ou moins bonnes excuses qui les accompagnent. 

Soyons réalistes : nous sommes de plein pied dans la période des fêtes… mais avons cette année encore trop peu été dans l’action, cette fameuse période du « faites ! »

  

Tout ce que nous n’avons pas fait…

En premier lieu, comme l’année dernière et celle d’avant d’ailleurs, depuis la nuit des temps même je crois, nous avons passé beaucoup trop de temps à nous expliquer. Avec ce sentiment d’être pris en faute : « je n’ai pas eu la moyenne parce que… »

Nous avons tenté d’analyser les (grands) écarts avec notre prévisionnel, notre budget, notre plan de marche, nos objectifs tant collectifs qu’individuels.

Nous avons chaque fin de semaine, chaque fin de mois, chaque fin de trimestre, réuni les grands manitous de l’explication ; nos commerciaux, nos responsables, nos comptables, nos contrôleurs de gestion, nos financiers, nos dirigeants, nos consultants…

Pour au final, dans la plupart des cas, converger vers cette simplissime conclusion : et si notre prévisionnel était initialement trop ambitieux, notre modèle un tantinet imprécis, notre plan de départ franchement mal fichu ?

Et si tout ce qui se passe autour de l’entreprise avait également finalement perturbé notre beau schéma prévisionnel modélisé in abstracto, bâti hors sol ? Nouvelles réglementations, nouvelles normes, aléas de la vie politique, évolution du pouvoir d’achat, mouvements de la concurrence… 

 

Tout ce que nous aurions pu faire…

Cette année, nous avons ensuite, et comme d ‘habitude, expliqué longuement ce que nous aurions pu et dû faire. « Si nous avions su »…

Ah, « avec des si »…

C’est la version revisitée de « règlements de comptes à OK Corral. » Le « maillon faible » version entrepreneuriale.

« Tu vois, à cet embranchement il fallait plutôt prendre à droite… je te l’avais bien dit. »

« Le bouc-émissaire c’est…« ,

« untel n’était pas à la hauteur des enjeux« …

Ca sent le book… et collector celui-là !

C’est la chasse aux sorcières d’Halloween, en Décembre.

 

Tout ce que nous allons faire (promis, juré, craché) !

Heureusement, nous avons fini par retrouver la raison et tourner la page.

Et nous nous sommes vite ressaisis (parce que là nous sommes un peu sur le grill vous voyez) : pour travailler ensemble sur ce que nous allons faire.

Un petit plan stratégique à 3 ans, l’intervention d’un économiste renommé pour nous décrypter la conjoncture, un business plan a 12 mois glissants, un projet d’entreprise lancé en grandes pompes.

On va voir ce qu’on va voir. Les « y a qu’à », « faut qu’on » sont à l’honneur.

Bien.

Avec néanmoins une toute petite précaution oratoire bien de chez nous : « on va essayer de…«  !

On sent ici le responsable (et futur coupable) de l’action s’accrocher à cette figure de style comme une vieille dame le serait à son sac à main.

Imaginez un Commandant de bord à 2 minutes de l’atterrissage, s’adressant à ses passagers : « on va essayer de se poser »…

Et, au-delà de cette précaution oratoire, une fâcheuse tendance, déjà évoquée sur ce blog, au faire, défaire, refaire…

 

  Le ‘comment on va s’y prendre pour faire.’

Tout ceci étant dit (mais pas nécessairement fait), ne reste plus si j’ose dire qu’à préparer l’action.

Car si nous avons la fin, la finalité, nous n’avons pas encore les moyens. Qui risquent soit dit en passant de nous laisser sur notre faim.

Donc, résumons : nommer le chef de projet adhoc, sur proposition d’un comité de sélection tout aussi adhoc (les candidats devant passer entre les mailles du filet…haddock…).

Organiser des commissions et sous-commissions, désigner des rapporteurs, caler des confcall et points de suivi pour aboutir à une note / un .ppt, et une recommandation pour le Codir ou le Comex.

Après viendra le temps des traditionnels allers retours, les correctifs de rigueur, « challenger l’orga » (sic), les incontournables « annule et remplace », la V1, la V2 … la V Def.

Sans omettre de caler les objectifs correspondants et en 3 temps successifs plus ou moins rapprochés : réalistes, ambitieux puis idéalistes. Peu de temps avant de dériver finalement vers le franchement surréaliste et le définitivement inatteignable.

Les stades successifs précités n’ont pas besoin d’être franchis dans l’ordre. Vous pouvez sauter une étape. Quitte au final à « sauter » tout court quand l’heure de l’analyse en fin d’année prochaine sera venue…

Mais bon, l’un dans l’autre et après ces petites péripéties, nous sommes fins prêts. « Ca va le faire ! »

 

« Moteur ça tourne, action ! »

Il vous faut désormais « faire », prendre part à l’action (c’est le fameux « faire »-part !)

Euh, attendez : il faut commander le matériel nécessaire (petits délais fournisseurs à prévoir), recruter les Hommes (ah tiens, les candidats ont des préavis à respecter ?), débloquer les budgets (quelques demandes d’investissements en plusieurs exemplaires et 7 signatures), caler les points de suivi et bilans d’étapes (tout le monde est-il dispo ? Synchronisons nos agendas), tout revérifier une dernière fois.

Sommes-nous bien sûrs ? On ne se référait pas un dernier petit tour de table ? Juste pour tout bien boucler. Il ne faudrait pas se planter quand même.

« La vitesse vous manque » ?

C’est vrai que nous sommes déjà en Avril ! Ah oui, déjà, quand même.

[voir début de l’article ici : pourquoi sommes-nous si en retard ? Comment aurions-nous pu nous décider plus vite ? Qu’allons-nous faire pour rattraper le retard ? ]

Tiens nos concurrents, eux, ont avancé… C’est pas du jeu !

Tiens, est arrivé un nouvel acteur ? Une nouveau concurrent s’est implanté ?

Tiens, nos clients ne nous ont pas attendus ?

Tiens certains de nos collaborateurs nous ont quitté entre temps ? 

Bigre ! Fichtre ! Diantre ! Damned ! Sapristi !

Que dire si ce n’est que vous n’êtes vraiment pas aux ‘à-faire’ 🙂

Vous en êtes en tous cas arrivé, et c’est chaque fois pareil, à un stade où il y a urgence. Moment déterminant où, pour le « faire », je vous conseille de ne pas repasser.

 

Ce sera du meilleur « Hé, fait ! » (ai fait).

On loue beaucoup l’agilité. Dans agilité il y a agir.

Tester, entreprendre, se mettre en mouvement. Être dans l’action. Avancer, progresser même modestement. Fuir l’immobilisme et le statut-quo.

En Janvier, fais ce qui te plait, mais fait ! Je le v(o)eux 🙂

Passer de la pensée à l’idée puis à l’action : de vous à moi il y a fort à faire. Comme un vibrant éloge de l’action.

Tout comme pour passer enfin du collaborateur au contributeur.

Ne serait-ce que pour éviter à votre équipe et votre entreprise une regrettable « dé-faites » !

Bonnes « faites » de fin d’année 🙂

 

Sources images : offi.fr, agoravox.fr, supportassisteddying.org, aupouvoirdesmots.com, cooperation.ch, france3-regions.blog.francetvinfo.fr

 

 

2 thoughts on “Comme un air de « faites ! »

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