Compétences des bénévoles & recrutement responsable

 16 MILLIONS DE BENEVOLES, DONT PLUS DE 6 MILLIONS A TITRE REGULIER !

De l’Enquête sur la vie associative en France en 2010 *, il ressort que 32% des personnes enquêtées de 18 ans et plus ont déclaré avoir accompli des activités bénévoles dans des associations ou d’autres types d’organismes. L’extrapolation de ce taux de participation à la population française correspondante conduit à estimer le nombre de bénévoles à un peu plus de 16 millions.

Dans le même temps, les auteurs de l’étude soulignent que « dans environ 40% des cas, la participation bénévole est régulière »

Si l’on replace cette analyse des activités bénévoles dans une perspective historique, on note que depuis 2002, et les résultats de l’enquête Vie associative conduite par l’INSEE, le bénévolat a significativement progressé en France.

*Lionel Prouteau / Enquête BVA – DREES, Ministères chargés des affaires sociales et de la santé (échantillon de 4011 personnes du 5 Octobre au 26 Novembre 2010)

DE PRECIEUSES COMPETENCES

Tout engagement au-delà de l’expérience professionnelle salariée (survalorisée par le consensus social actuel ?) génère des compétences qui méritent d’être prises en compte.

J’ajouterais volontiers mieux prises en compte.

Présider une association de parents d’élèves, s’engager dans le soutien scolaire, produire des rapports sur des questions de société, gérer finement le budget d’une association sportive ou d’un club local, encadrer un groupe d’enfants  : à première vue, l’apport est évident pour celui qui vit cet engagement et assume ces responsabilités.

Citons quelques-unes des compétences ainsi acquises ou renforcées :

Inscrire son action dans une perspective de moyen et de long-terme, défendre un projet et s’impliquer pour sa réussite, définir des priorités,  évaluer ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, construire un budget, travailler en équipe, mettre en place la logistique d’un événement, animer une réunion, créer des liens avec des acteurs variés (élus, administrations, entreprises), faire beaucoup avec peu, adapter les bonnes pratiques ayant fait leurs preuves ailleurs…

Vous l’aurez compris, la liste est longue, non exhaustive, et d’une incroyable richesse.

Au moment de les lister, je me rappelle à titre personnel combien l’encadrement de groupes d’enfants et d’adolescents en tant qu’animateur BAFA m’a apporté.

UN PARADOXE ETONNANT

Ces précieuses compétences sont pourtant :

  • Peu présentes dans les CV des candidats
  • Insuffisamment prises en compte et valorisées par les recruteurs

Plusieurs raisons peuvent expliquer et auto-entretenir cette double absence, parmi lesquelles :

  • La faible place accordée à l’engagement citoyen dans la formation initiale en France
  • La confusion persistante entre engagement bénévole et « loisirs » pour certains recruteurs
  • L’impact des textes législatifs relatifs aux pratiques non-discriminantes : la sphère extraprofessionnelle dans son ensemble serait ainsi désormais crainte par le recruteur (principe de précaution) et écartée du cœur de l’entretien de recrutement
  • La difficulté qu’éprouvent les candidats à valoriser dans leur candidature et lors de l’entretien, ces compétences acquises

POUR AVANCER VERS UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DES COMPETENCES DES BENEVOLES

Différentes actions ont été entreprises pour permettre une meilleure prise en compte des compétences ainsi développées.

Tout d’abord, un important travail a été conduit et formalisé pour aider le candidat à lister et formaliser les compétences développées au cours de son ou de ses expériences bénévoles.

Le « portefeuille de compétences » du bénévole est un travail extrêmement abouti, auquel j’avais pu apporter une modeste contribution, et se présente sous la forme de 18 fiches diffusées par le Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et de la Vie Associative :

 http://www.associations.gouv.fr/1106-un-portefeuille-de-competences.html

 ·  Il faut encourager les candidats à sortir ces expériences valorisantes et à valeur ajoutée de la rubrique « fourre-tout » de fin de CV : « divers », « autres », « loisirs » (sic). Il est pour le moins étonnant de constater que seuls les étudiants de certaines Grandes Ecoles parviennent aujourd’hui à valoriser cet engagement dans leur CV et leurs entretiens de recrutement. Alors même qu’ils représentent une part infime du tissu de bénévoles !

·    Il faut dans le même temps encourager les candidats à détailler, comme pour n’importe quelle expérience professionnelle, le périmètre de responsabilité (nombre d’adhérents de l’association, budget…), la nature des réalisations, et les résultats obtenus. Il pourra tout à fait en revanche ne pas spécifier le nom exact de l’association, et lui préférer une appellation générique : « club de sport » « centre de vacances », « association environnementale »

Une seconde piste est actuellement explorée à-travers le projet « CV Citoyen », né fin 2009, et porté par Odissée (Organisation du Dialogue et de l’intelligence Sociale dans la Société et l’Entreprise) / Syntec Conseil en recrutement, avec la participation de l’ANDRH.

Une initiative qui mérite là encore d’être encouragée et mieux connue.

http://www.syntec-recrutement.org/1-syntec-conseil-en-recrutement/77-presentation/1440-cv-citoyen-mode-d-emploi.aspx

Enfin, on peut rappeler que différentes  méthodes de recrutement (notamment la « Méthode de Recrutement par Simulation » développée par Pôle Emploi) permettent, par les exercices et mises en situation qu’elles induisent, une prise en compte des compétences et aptitudes acquises, quelle que soit la nature de l’expérience, salariée ou bénévole.

http://www.pole-emploi.fr/employeur/le-recrutement-par-simulation-@/suarticle.jspz?id=4900

En synthèse, je pense que nous tenons là une pierre angulaire du recrutement responsable, dans sa dimension sociétale.

L’enjeu mérite d’être posé, et il semble déterminant que la communauté du recrutement dans son ensemble s’en saisisse.

A y regarder de plus près, on y trouvera en effet des pistes concrètes et solides pour en finir avec le clônage, la prime au seul diplôme, et les candidats interchangeables.

Et vous, candidats ou recruteurs, qu’en pensez-vous ? Comment avez-vous pu avancer concrètement vers une meilleure valorisation et prise en compte des compétences des bénévoles ?

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