CVthèques : déjà le « jour d’après » ?

« Votre CV va bientôt expirer ». « Vous n’avez pas mis à jour votre CV depuis plus de 3 mois, cliquez ici »… « Mettez à jour les compétences de votre profil ». « Faîtes-vous recommander par vos relations », « votre profil n’est complété qu’à 60% »…

Alertes, relances par mail, pastille rouge sur l’icône des applications emploi de votre Smartphone  : vous connaissez bien tout cela…

«En veille » ou en « recherche active », « en poste » ou « immédiatement disponibles »,  les candidats d’aujourd’hui sont multi-connectés, et ont donc logiquement communiqué leur profil à un très grand nombre de sites Web et d’acteurs de l’emploi, le tout en quelques clics… (quel contraste avec l’époque de l’enveloppe timbrée). Vous en avez fait de même d’ailleurs 🙂

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Votre (meilleur) profil  se trouve donc présent sur les différents réseaux sociaux (Viadéo, Linkedin, Copains d’Avant, Facebook, plateforme on-line des anciens de telle ou telle école….), ainsi que plusieurs CVthèques.

A l’heure de l’E-reputation, et du personal branding, tous les candidats prennent soudain conscience de l’importance d’actualiser et de mettre en cohérence l’ensemble des informations les concernant.

Et c’est bien là que les ennuis commencent.

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S’en suit en effet un nécessaire mais fastidieux travail de mise à jour à l’échelle d’une dizaine de sites au moins : pour mettre en avant une nouvelle expérience, un changement d’entreprise, une photographie de meilleure qualité (une mine bronzée et réjouie en sortant de l’été ?), un changement de rémunération ou de mobilité, un « résumé de son parcours » qui ne répète pas le CV…

A l’échelle de plusieurs CVthèques, plateformes et réseaux sociaux, qui bien entendu ne communiquent pas entre eux, convenons que tout cela représente désormais un véritable travail à plein temps.

A condition bien entendu de remettre la main sur vos mots de passe de connexion, vieux pour certains de deux ou trois ans, quand ce n’est pas plus !

Lorsque vous procèderez à cette mise à jour, vous serez cordialement invité à ajouter de nouvelles informations, à sélectionner de nouvelles options de diffusion ou de confidentialité…. A auto-évaluer vos compétences dans le détail à l’aide d’un menu déroulant, à joindre une copie de vos diplômes etc…

Car, à bien y regarder, chaque CVthèque semble bien engagée dans une course sans fin pour présenter les profils les plus détaillés et les mieux actualisés, donc les mieux valorisables auprès des recruteurs.

Et comme de nombreux acteurs de l’emploi sur le Web semblent à présent s’intéresser stratégiquement au matching entre valeurs du candidat  et  culture d’entreprise, nous n’en avons sans doute pas fini avec les critères (pardon ‘champs’) à renseigner, c’est un euphémisme…

Pour ces tâches chronophages, le candidat privilégiera sans doute à l’avenir en premier lieu les réseaux sociaux. Les CVthèques devraient quant à elles être les premières touchées par cette lassitude grandissante pour « l’actualisation » et la « mise à jour ».

En toute honnêteté, n’en êtes-vous pas déjà à ce stade, d’un point de vue personnel ?

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La définition et la vocation même de la CVthèque, c’est de réunir et proposer aux recruteurs un ensemble de CV, une possibilité de tri sur des « mots clés », sur un « dernier poste occupé », ou encore une « région de résidence » (critères qu’une formation permettra de croiser et maîtriser… si vous en avez le temps)

Nous savons dans le même temps que de plus en plus de candidats et de recruteurs conviennent désormais que le CV ne suffit plus : « peut-on préparer l’avenir en se concentrant seulement sur le passé ?» me confiait d’ailleurs un confrère il y a quelques jours.  Un grand groupe lançait aussi tout récemment en parallèle  une campagne sur le thème « une personne, pas un CV ». La Méthode de Recrutement par Simulation (Pôle Emploi), le « recrutement sans CV » (Apec) se développent.

Dans le même temps, les réflexions s’engagent et progressent sur la mise en place d’un passeport de compétences individuel, de l’enseignement secondaire, à l’apprentissage, à la formation continue, pour se substituer à long terme à ce sacro-saint CV.

La fin programmée des CVthèques telles que nous les connaissons ?

Après votre profil, voici  sans doute un outil à rafraîchir et repenser. Qu’en dites-vous ?

La démarche de recrutement responsable, conduit précisément à revisiter nos pratiques et outils d’hier, en adoptant enfin le regard de nos candidats.

3 thoughts on “CVthèques : déjà le « jour d’après » ?

  1. Bonjour Thomas,

    La discussion que vous lancez est d’actualité et devient de plus en plus cruciale pour les acteurs du marché du recrutement.

    Au-delà des arguments que vous avancez et auxquels je souscris (problème des mises à jour des CV, définition trop restrictive du CV, etc.), se pose la question de la valeur réelle d’un CV, non pas en terme de référents ou de support d’évaluation pour un recruteur mais en terme de monétisation.

    Avant l’arrivée du web, et à fortiori des réseaux sociaux, la valeur monétaire d’un CV tenait à sa rareté et à la difficulté d’identifier les bonnes compétences. En facilitant cet accès à l’information, les sites emploi ont pu développer leur business en moyennant leur cvthèque.

    Aujourd’hui que vaut un CV ? Rien ou presque rien. Les CV et les compétences sont accessibles partout sur le web : réseaux sociaux professionnels ou personnels, hébergeurs de CV (de plus en plus nombreux), sites communautaires ou associatifs, sites de fédérations personnelles, sites écoles ou association d’étudiants, et bien sûr blogs et pages personnelles.

    Combien de temps auparavant pour identifier le nom et les coordonnées du directeur du recrutement du groupe Casino ?

    Dès lors pourquoi dépenser de l’argent pour acheter un accès à une information qui est gratuite via Google ?

    Alors bien sûr, tous les CV ne sont pas accessibles via Google (mais ils ne sont pas tous non plus sur les bases payantes), bien sûr certaines populations sont plus difficiles à identifier, bien sûr l’achat d’une cvthèque est plus « pratique » et plus rapide qu’acquérir une compétence en création de requêtes complexes sur Google. Il n’empêche que le modèle des bases payantes est, j’en suis convaincu, condamné à terme (terme que je suis incapable de prévoir n’étant pas devin).

    Il est étonnant et paradoxal de constater que certains sites emploi (Cadremploi, Régionsjob) proposent à leurs candidats de créer leur profil public, accélérant un (petit) peu plus leur propre fin…

    La fin programmée des cvthèques ? Je le pense.

    La fin programmée des sites emploi ? S’ils ne revoient pas leur modèle économique, c’est probable.

    Cordialement.

    Benoit Bliard

    1. Bonjour,
      Merci pour votre prise de parole et de position. Une analyse partagée.
      Il est grand temps de se pencher sur cet outil d’hier…

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