Le ‘merci’ au bureau… pour les nuls

« Les jolies colonies de vacances, merci papa merci maman…« 

Un petit air de vacances, une mélodie entêtante, et surtout la fin de cette ritournelle d’antan qui ne vous aura pas échappé.

(Pour les plus nostalgiques d’entre-vous : https://www.youtube.com/watch?v=oeCM3V2lqfw)

Il y a, de vous à moi, quelque chose d’absolument étonnant à regarder l’évolution de notre relation au mot ‘merci’.

 

Merci Ancien

‘Merci’ : d’hier à aujourd’hui

A bien y regarder, c’est d’abord l’un des tous premiers mots qu’il nous ait été donné d’apprendre. Dans l’acquisition du langage, dans notre rapport aux autres. Comme un fondamental de notre capacité à communiquer.

Nos parents, nos proches, ont ainsi tout au long de notre éducation sacralisé ce terme qu’ils désignaient même parfois sous l’appellation, sans doute un peu excessive convenons-en, de « mot magique ».

Pire, ils refusaient parfois de nous donner l’objet de nos convoitises (un jouet, une sucrerie…) sans que nous l’ayons prononcé à haute et intelligible voix : « tu as oublié le mot magique ! », « qu’est-ce que l’on dit ? »…

 

Perdu de vue

Perdu de vue : qu’est donc le ‘merci’ devenu ?

 

Force est de constater pourtant que devenus un peu (beaucoup) plus grands, nous l’avons oublié en chemin. Comme s’il n’avait pas survécu à l’entrée dans le monde professionnel.

D’ailleurs, permettez-moi de vous prendre à témoin : quand avez-vous pour la dernière fois osé adresser un petit message ou mail à l’un de vos collaborateurs pour le remercier ou le féliciter ?

En période de rentrée, et de bonnes résolutions (si si…) il me semble urgent de reprendre tout cela, en commençant par réhabiliter le mot ‘merci’ au travail.

Le réhabiliter car il semble désormais être incongru, considéré à tort par certains comme un excès de bienveillance. Si l’on excepte bien sûr le titre d’un ouvrage célèbre « Merci pour ce moment » 🙂

Merci

‘Merci’ et management

Lorsque l’on interroge les collaborateurs qui quittent une entreprise, 80% d’entre-eux citent comme première raison de départ la relation qu’ils entretiennent avec leur N+1, leur manager. Cette statistique est extrêmement stable dans le temps. La rémunération ne vient qu’après, contrairement à beaucoup d’idées reçues.

Cette relation managériale a plusieurs dimensions clés.

Il y a d’abord la courtoisie des rapports, au quotidien : le ‘merci’ (de politesse), y a forcément toute sa place. Au même titre que le ‘bonjour’. C’est un pilier du bien vivre ensemble en entreprise. Un peu à l’image du ‘soyons simple, restons courtois ‘ de nos constats amiables en cas d’accident automobile.

Il y a ensuite ce concept managérial clé du feedback : donner un retour au collaborateur sur ses réalisations, sa performance, au fil de l’eau et sans attendre le temps de l’entretien annuel. Le ‘merci’ doit y jouer un rôle essentiel.

Il y a ensuite tout ce qui entoure la relation managériale : le changement, nos organisations et notre rapport au travail qui se transforment (pour ne pas dire se bouleversent), l’importance accordée aux objectifs et à la performance, des budgets contraints : le ‘merci’ y joue un rôle de régulateur, d’apaisement des tensions qui apparaissent naturellement ici ou là.

 

Prescription

Le ‘merci’ au quotidien : petite posologie simplifiée

Sans tomber dans une naïveté hors de propos, envisageons ensemble un petit mode d’emploi, ma foi bien pratique, du mot ‘merci’.

Principe actif : le ‘merci’ doit nous faire oublier cette tendance qui consiste à d’abord mettre en évidence ce qu’il reste à faire / les points de progrès ou les dysfonctionnements.

Faux ami : le ‘merci, mais…’

Indications : pour toutes les grandes ou petites occasions. Une fin d’alternance ou de stage (remerciement au tuteur, au maître d’apprentissage mais aussi au jeune pour ce qu’il a apporté à l’entreprise, au service), le départ d’un collaborateur qui s’est engagé pendant de nombreuses années, une succession à la tête d’un service / d’une filiale, un marché remporté de haute lutte, un dossier particulièrement ardu mené à bien…

Déclinaisons (génériques) : le ‘merci’ peut également se présenter sous d’autres formes telles que « bien joué« , « bravo« , « félicitations » de vive voix ou par écrit. Il peut même être tout à fait indiqué conclure vos mails : « avec mes remerciements, bien cordialement« … Le ‘merci’ peut même parfois avoir sa propre signature sonore, à l’image de cette ‘cloche à bonnes nouvelles’, qui retentit tout au long de la journée dans les locaux de la fameuse bananeraie de Michel et Augustin.

D’ailleurs, je les en remercie, et leur dit bravo, au moins pour être en cohérence avec ce qui précède 🙂 mais surtout parce que c’est une idée brillante.

Mise en garde : aucune, à condition de ne pas tomber dans la manipulation ou la démagogie par l’excès.

MEDICAMENT

En cette période de rentrée, je vous propose donc au final de reprendre à votre compte ce petit mode d’emploi.

Plus de vacances pour le ‘merci’ au travail (et bien au-delà) !

MERCI langues

Merci pour vos équipes, merci pour votre fidélité, et merci pour cette contribution à un management plus responsable et bienveillant.

Sources images : soconfidential.canalblog.com, paperblog.fr, cfa-univcorse

2 thoughts on “Le ‘merci’ au bureau… pour les nuls

  1. Merci Thomas pour ces lignes sur le pouvoir et la « magie » que peut avoir un « merci » qui peut s’enrichir d’un sourire et d’un regard.
    Je vais d’ailleurs donner un merci suite à un échange passionnant.
    Félicitations pour tes articles.

    Et une nuance que je fais :
    – la félicitation est orientée vers l’autre.
    Ex : « Je te félicite pour ce dossier précis et concis sur le sujet demandé. » Bonne compétence de rédaction, …
    – le merci est orienté vers soi.
    Ex: « Je te remercie du bon dossier ou tableau chiffré rendu car j’ai pu travailler dessus et cela m’a fait gagné du temps ».
    A chacun son mot !

  2. Bonjour,
    Comment ne pas être d’accord ?! La politesse, le respect sont des valeurs clés qui permettent d’avoir des relations détendues et cordiales en entreprise (que se soit avec le manager ou les collègues) et dans la vie de tous les jours. Néanmoins, force est de constater que les incivilités se multiplient…ce qui nuit, in fine, à l’ambiance et on sait à quelle point elle est importante pour les salariés et la qualité du travail fourni.
    J’ajouterais que ce qui est parfois plus blessant qu’une absence de « merci » c’est l’incapacité à s’excuser…

    Ça me rappelle l’anecdote du prix dégressif du café :
    « Un café et que ça saute ! » : 2€
    « Un café ! » : 1,50€
    « Un café, s’vous plait » : 1€
    « Je pourrais avoir un café s’il vous plait ? » 😉

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