Cette année, le Service Civique fête ses 5 ans.
Dans le cadre de mes activités professionnelles, j’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de rencontrer de nombreux jeunes pleins de talent s’engageant dans ce cadre, hélas méconnu.
Avec d’autres collaborateurs de l’entreprise, j’ai notamment pu participer aux travaux et événements de l’Institut du Service Civique.
Je dois vous dire que je ne le regrette pas, tant ces temps d’échange ont permis des rencontres qui marquent et qui inspirent.
Jessica fait partie de celles-là, à Montpellier, lors d’un rassemblement régional des jeunes du Service Civique sous l’égide de M. le Préfet. C’était en Mai 2014, il y a tout juste 1 an. Elle m’avait promis un petit témoignage pour le blog, c’est désormais chose faite.
Ne vous y trompez pas : son témoignage est essentiel à plus d’un titre. En plus d’être drôle, plein d’énergie et touchant.
Nous le savons bien, toute entreprise, et au-delà, toute organisation, cherche désormais non plus à s’entourer de collaborateurs, mais de véritables contributeurs, à la fois apporteurs d’idées, d’affaires, et de ce petit plus qui fera la différence.
Des contributeurs engagés localement, dans le tissu associatif par exemple.
Puisse le témoignage de Jessica apporter aux DRH et recruteurs, une meilleure vision de ce qu’est et de ce que permet le Service Civique, dans toutes ses formes : découvrir, s’ouvrir, faire grandir et se grandir. C’est déjà beaucoup. « Ne passons pas à côté des choses simples ».
La petite (et grande) histoire de Jessica.
J’ai fait un Service Civique en 2008-2009. C’est moi, là, juste au-dessus, sur la photo.
A l’époque on appelait ça un « Service civil volontaire ».
La notion clairement énoncée de « civil » n’empêchait alors pas la plupart des employés de l’administration (CAF, Sécurité Sociale et j’en passe) de me demander immanquablement si j’étais militaire (ceux qui connaissent mes non-capacités physiques et mon caractère imagineront sans peine à quel point la question me faisait rire).
« Service civil volontaire », ils n’avaient pas de case dans leurs innombrables formulaires pour ça !
Les moins conciliants m’affectèrent donc d’office dans la case « militaire », les plus conciliants me laissant quant à eux face à la rubrique alternative « stagiaire ».
Bref, j’ai fait un Service Civique en 2008-2009. Je venais alors de terminer ma première année de Master spécialisé en gestion de projets associatifs.
Les innombrables dossiers à réaliser, les exposés à préparer, seule ou à plusieurs, les heures à rester assise en amphi sur des bancs clairsemés à écouter des théories diverses et variées… De vous à moi, tout cela m’a donné envie de m’arrêter un moment pour faire « autre chose ».
C’est alors que j’ai découvert Unis-Cité, association pionnière dans le domaine, qui proposait à des jeunes de 18 à 25 ans de faire un Service Civique en équipe.
Et c’était parti pour 9 mois. 9 mois de projets variés, 9 mois à rencontrer des publics qui m’étaient totalement inconnus : personnes âgées en maison de retraite, sans-abri, personnes en réinsertion…
Et surtout, 9 mois à vivre quasi-quotidiennement avec 7 compères d’équipe venus de tous horizons.
Il serait difficile de résumer en un billet la richesse de ces 9 mois d’aventures (si j’en ai fait un livre de plus de 250 pages, c’est bien que résumer n’est pas mon fort), je vais donc me limiter à ce que m’a apporté cette expérience pour ma vie professionnelle. Et c’est déjà beaucoup comme vous allez le découvrir.
Petit à petit on devient moins petit…
Travailler son savoir-être
Je suis née timide.
Je veux dire, aussi loin que je me souvienne, parler aux inconnus était d’une difficulté sans nom. En témoignent mes bulletins scolaires, ma difficulté à énoncer des phrases aussi simples que « une baguette s’il vous plait » et j’en passe. Alors quand tu te retrouves en mission de Service Civique dans une classe de collège, devant 60 élèves à qui tu dois parler de la faim dans le monde ; ou dans un foyer d’hébergement d’urgence à repeindre les murs tout en faisant la conversation à des sans-abri ; ou dans une maison de retraite à devoir interviewer presque en tête à tête un ancien prêtre un peu macho pour en faire un témoignage écrit…. eh bien, ta timidité, t’as pas d’autre choix que de creuser un trou, la mettre dedans, reboucher et tasser bien fort. Puis tu te rends compte qu’en fait, parler aux gens, c’est pas si terrible.
Bon, soyons honnête, on ne change pas de caractère du tout au tout en un claquement de doigts…
Mais quand, des années plus tard, on t’invite à un rassemblement de Volontaires pour raconter ton expérience, que malgré une pointe de stress tu vois que les gens sont réceptifs à ce que tu dis et qu’à la fin on te dit « c’était génial ton intervention, à quand le one-man-show ? », t’as juste envie d’enregistrer la phrase et d’aller la faire écouter à tous tes profs de l’époque (et à ta boulangère, mais c’est pas dit qu’elle comprenne le sens du truc).
Pour certains de mes coéquipiers, nos différents projets leur ont aussi permis de se dépasser : apprendre à écouter l’avis des autres, à être plus organisé.
Chacun y trouve quelque chose qui l’aidera pour sa future vie professionnelle.
Développer ses compétences
Faire un Service Civique, c’est aussi apprendre de nouvelles choses. Au sens extra-ordinaire du terme.
Parmi mes découvertes : la peinture (avec des sans-abris), la cuisine (avec des personnes âgées ayant un handicap psychique), le jardinage (avec des personnes en réinsertion).
Pour une « cérébrale » qui n’avait jamais eu de jardin, n’avait jamais tenu un pinceau et ne se nourrissait que de pâtes et de poissons panés, ce fut une révélation.
Pour d’autres de mes compagnons d’équipe, ce furent les techniques de communication (pour annoncer notre collecte de sous-vêtements pour sans-abris : rédaction de communiqués de presse, interview pour le JT de M6…) ou la retranscription de discussions en témoignages écrits (projet « Passeurs de mémoire » en maison de retraite) qui leur ont permis d’enrichir leur CV.
Montrer son engagement
Avec du recul, au-delà de ce que mon Service Civique a pu m’apporter, c’est aussi l’image qu’il donne qui m’a servi.
Consacrer plusieurs mois de sa vie à une cause, qu’elle soit solidaire, sportive, culturelle ou autre, c’est montrer qu’on est prêt à s’engager dans ce qui nous tient à cœur.
Quand, après mon volontariat, j’ai fini mon Master puis je me suis retrouvée en recherche d’emploi, je n’ai pas hésité à mettre cette expérience sur mon CV.
Bon, je ne dirais pas que ça a fonctionné tout de suite… Mais un jour de juin 2012, j’ai reçu un appel. C’était une directrice d’un Foyer accueillant des personnes handicapées, qui avait eu mon CV par la mission locale, et qui voulait me rencontrer.
Elle avait eu mon CV plusieurs mois auparavant, elle avait aimé le détail qui mentionnait mon Service Civique, alors elle l’avait gardé sur son bureau « au cas où ». Et puis un jour, sa secrétaire était en arrêt maladie, elle cherchait quelqu’un pour un contrat de 3 jours, elle m’avait appelée, et voilà.
D’un contrat de 3 jours, je suis finalement restée 6 mois, et à la fin de ces 6 mois, l’association gestionnaire du Foyer m’a proposé un CDI comme chargée de projets… Et ça fait maintenant 3 ans que j’y suis.
Et depuis quelques jours, on m’a confié un nouveau dossier : je vais faire une demande d’agrément pour que l’association puisse accueillir des volontaires, dont je serai ensuite la référente… La boucle est bouclée.
1 an de Service Civique… pour 1 service gagnant. Retrouvez mon histoire :
En Ebook sur Amazon : http://www.amazon.fr/Jeunes-bons-Jessica-Pigourier-ebook/dp/B00AS82VX8 (6,52€)
Ou sur la page Facebook dédiée : www.facebook.com/jeunesetbons?ref=ts&fref=ts
Je remercie Jessica pour son témoignage, et vous invite vraiment (mais alors vraiment) à vous plonger dans son ouvrage pour découvrir d’un peu plus près ce fameux Service Civique…
Retrouvez également le site officiel du Service Civique : http://www.service-civique.gouv.fr/
Bonne semaine,
Merci beaucoup Thomas de m’avoir donné cette opportunité de mettre en avant le Service Civique sur votre blog !
En espérant que ça motive des personnes à se lancer à leur tour dans cette grande aventure…
A bientôt